Une révolution culturelle et politique est en cours aux Nations unies et dans les milieux judiciaires, celle de la « justice transitionnelle ». De quoi s’agit-il ? Pour sortir des guerres civiles et des conflits, pour garantir un avenir viable à des sociétés déchirées, la justice ordinaire, celle de la normativité verticale, ne suffit plus. D’autres mécanismes se mettent lentement en place. Ils doivent garantir l’établissement de la vérité, la réparation des souffrances endurées, l’éloignement des criminels, l’obtention du pardon, la fin de l’impunité. De l’Afrique du Sud au Maroc, de la Bolivie au Rwanda, de la Sierra Leone au Liberia ou au Tchad, des commissions « justice et vérité » et des institutions similaires où victimes et bourreaux s’affrontent de façon pacifique ont été créées.

Pierre Hazan, dans un livre brillant, érudit, écrit dans une langue limpide, dresse le bilan passionnant de cette révolution juridique et culturelle commencée il y a quinze ans. Il en ressort que des contradictions, qui parfois paraissent insurmontables, se présentent, justice verticale et justice transitionnelle se heurtant de plein fouet.

Le Monde Diplomatique, Novembre 2007