Roy Gutman, Winner of the Pulitzer Prize

Blunt and unsparing yet fair and factual, this book sheds a revealing light on the development of The Hague Tribunal, a new institution that is as vital to international life as it is unknown.  Pierre Hazan tracks the transformation of the Tribunal and its prosecution of war crimes from humanitarian intervention. For western leaders originally intended the Tribunal to be the alibi for their inaction, and instead it defined the standards and limits for tolerable behavior in conflict, thus the terms under which the United States and its allies had to use force.

The author’s judgments are thoughtful, measured, and borne out by his documented facts. This glimpse of life “Inside the Tribunal” is invaluable and unique.

Antonio Cassese, former Judge and President of the ICTY

This is no doubt one of the best books so far written on international criminal justice. It is uniquely insightful and written in a lively style. In particular, Hazan’s account of the birth of the International Criminal Tribunal for the former Yugoslavia, of its initial almost insurmountable obstacles, of some of its most interesting trials, and of how Prosecutor Arbour came to indict Milosevic, is really compelling.

But the book is not only a sharp account of recent and current international events. It also contains some deep reflections on the complex relations between justice, diplomacy and world politics.

Every person interested in international relations and world politics should read it.

Reed Brody, Director of Advocacy, Human Rights Watch, New York

Can an independent international judicial system function in the middle of a war?  How, in the world of Realpolitik, can the search for truth and justice be carried out? Can a court created by the Security Council free itself from the Council’s political yoke?  These are the urgent questions asked and answered by the Swiss journalist Pierre Hazan in “La Justice Face a la Guerre,” his engaging and informative behind-the-scenes look at the International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia.

At every stage in the Tribunal’s creation and operation, Hazan shows us, the big powers tried to manipulate the court to serve their changing interests in the on-going Balkans wars. As the US,

France and Britain sought, alternately, to punish Yugoslav President Slobodan Milosevic and to negotiate with him, they attempted to “use the court like a yo-yo.” This very readable account, based on interviews with many of the key actors, focuses on the fascinating interplay between the mounting horrors on the ground, the diplomatic maneuvering and the decisions of the court’s prosecutor. Hazan ably demonstrates that when the search for justice is compromised by politics, the resulting impunity breeds contempt for the law.

No such concise account of the Tribunal’s work yet exists in English and this book would fill that gap brilliantly.

Claire Trean, Le Monde:  “Un Tribunal international qui dérange”

IL FAUDRAIT que M. Kostunica lise le livre que Pierre Hazan consacre au Tribunal international de La Haye sur l’ex-Yougoslavie (TPI). Le nouveau président yougoslave y trouverait de quoi nuancer l’idée qu’il se fait de ce tribunal, qu’il tient pour un simple “jouet dans la main du président américain”. L’histoire que raconte Pierre Hazan est précisément celle d’une institution qui, au fil des ans, est parvenue échapper dans une large mesure à ceux qui l’ont créée,à leurs arrière-pensées initiales et à leurs manipulations.

C’est d’abord l’histoire d’un tribunal mal né, conçu en 1992, au plus fort des massacres en Bosnie et au moment où le refus des gouvernements occidentaux d’aller y mettre un terme militairement devint insoutenable face à la pression des médias et l’indignation publique. On n’arrète pas les guerres ethniques avec un tribunal, mais le TPI allait servir d’alibi moral ces gouvernements acculés. Les confidences que l’auteur a recueillies auprès de Roland Dumas, ancien ministre français des affaires étrangères, sont cet égard un étonnant aveu de cynisme:

“Puisque nous ne voulions pas intervenir militairement en Bosnie, je ne voulais pas que nous apparaissions comme les complices de crimes qui étaient encore en train d’être commis”, déclare notamment M. Dumas. “Mitterrand était hostile à cette dimension judiciaire qui compliquait la tâche des négociateurs, mais il a laissé faire”, dit-il encore.

 

Il faut lire ce récit des origines pour comprendre la persistance de cette hostilité dans les milieux français et autres où l’on considère toujours aujourd’hui que la justice ne peut qu’être une entrave à la diplomatie et aux processus de paix et que les grandes puissances ont fait une grave erreur en créant des tribunaux internationaux…

Une naissance peu glorieuse. Pire qu’un défaussement, ce fut, dit Pierre Hazan, “une imposture”, consistant à “utiliser la morale et le droit pour camoufler une politique de renoncement”. Passons sur les différents épisodes de cette imposture, parmi lesquels la négociation de Dayton fin 1995, où Milosevic est promu au rang d’homme de paix par les Occidentaux. En n’instruisant pas plus tôt le cas Milosevic, le TPI a-t-il démontré qu’il était á la solde des grandes puissances, lesquelles entendaient épargner les chefs avec qui elles traitaient ?

AUCUNE COMPLAISANCE POUR SON SUJET

Non, car l’aventure de La Haye ne s’arrête pas là. La suite, c’est la révolte qui allait sourdre de l’intérieur même du TPI, la fronde des juges; c’est le franc-parler militant du premier président du TPI, l’Italien Antonio Cassese; c’est le remplacement du Sud-Africain Richard Goldstone par un procureur moins soucieux des bonnes manières envers les gouvernants: la Canadienne Louise Arbour, qui va tancer les Occidentaux sans complexe; la suite, ce sera l’inculpation de l’instigateur suprême des crimes commis dans l’ex-Yougoslavie, par laquelle le TPI fait acte d’indépendance mais complique la tâche de la diplomatie occidentale et du futur successeur de Milosevic. La suite, c’est enfin et surtout le fait que cette institution a déclenché dans l’opinion occidentale un réel engouement pour la lutte contre l’impunité.

Pierre Hazan est sans complaisance. Il relève notamment la désinvolture avec laquelle le TPI a écarté les plaintes qu’il a reçues contre l’OTAN pour certains des bombardements en Serbie.Mais, malgré ses imperfections, ce tribunal est devenu une espace de relais de ce qu’avait été dans les consciences celui de Nuremberg. Le récit de “cette dialectique sans précédent qui se nouait entre la justice et la guerre, la morale et le politique” est des plus éclairants, alors que de plus en plus – en Afrique, en Asie, au Proche-Orient – on en appelle á une justice internationale qui n’est encore qu’en gestation, alors que bien des malentendus ont encore cours, et que les grandes puissances sont en train de laisser son principal inculpé échapper au TPI.

Jean-Paul Laborde, secrétaire général de la Revue internationale de droit pénal, Revue internationale de droit pénal

Il faut lire le livre de Pierre Hazan qui est grand reporter et correspondant auprès des Nations Unies à Genève pour les quotidiens Temps et Libération. Il ne s’agit pas d’un livre de droit pénal international. C’est un plaidoyer lucide pour une justice pénale internationale indépendante. Ecrit pour le grand public, il retrace avec exactitude l’histoire toute fraîche du Tribunal Criminel International pour l’Ex-Yougoslavie. De la création du tribunal due à des raisons essentiellement de politique politicienne à l’inculpation de Slobodan Milosevic, quel chemin parcouru! Le monstre a échappé au dessein de son créateur, le Conseil de Sécurité.  Pierre Hazan nous fait vivre en direct les débuts laborieux du Tribunal, la révolte des juges volontairement maintenus dans une misère de moyens inimaginable. Il explique le rôle clé du Procureur, ses pouvoirs mais aussi les limites de celui-ci, voire les barrières imposées par les grandes puissances et sa position difficile au confluent entre les impératifs de la politique diplomatique et le devoir de justice. Il fait aussi largement référence à la Commission d’enquête sur les crimes en Ex-Yougoslavie dont Chérif Bassiouni, le président de l’Association Internationale de Droit Pénal, a été l’animateur courageux et infatigable d’abord comme rapporteur puis comme président. Il décrit le rôle central des travaux de la Commission pour le rassemblement des preuves de ces crimes et la brusque interruption du travail de la Commission par l’administration onusienne pour des motifs qui restent encore troubles.

Mais il y a, en plus quelque chose de très fort dans ce livre. C’est le parallèle constant que Pierre Hazan fait entre l’horreurs insoutenable des massacres, des exécutions sommaires, des tortures et des viols programmés avec la faiblesse des réactions des grandes puissances qui croyaient toujours aux possibilités de traiter avec les bourreaux alors que ceux-ci les ont finalement toujours bernés.  Il arrive aussi à la conclusion que seule la justice peut aider à reconstruire des relations inter-communautaires entre Serbes, Croates et Bosniens (appellation officielle des bosniaques musulmans), ces relations ne pouvant être reconstruites sur des fondations reposant sur l’impunité.

Le style fort, dépouillé, la clarté des explications, la mise en évidence des chiffres hallucinants des crimes commis, les témoignages des victimes ou même de quelques criminels donnent une force exceptionnelle à la conviction qu’il nous livre : la justice pénale internationale doit passer coûte que coûte.

Enfin, l’auteur fait indéniablement avancer le débat. Il pose la vraie question de la place de la justice internationale et de son rôle supra étatique comme gardienne des valeurs fondamentales de l’humanité, quelque soit le prix politique à payer.  Ce livre est un relais grand public très puissant du combat mené depuis des décennies par l’Association internationale de droit pénal pour l’émergence d’une justice internationale indépendante. Il prépare la voie pour la Cour pénale Internationale. C’était donc bien le moins que la Revue internationale de droit pénal pouvait faire que de consacrer ces quelques lignes à ce livre qui remue nos consciences.

 

Luigi Condorelli, Revue générale de droit international public

Tout juriste s’intéressant à la justice pénale internationale devrait lire ce livre passionnant, dû à la plume d’ un journaliste de valeur, qui retrace de manière richement documentée – y compris par l’exploitation de témoignages recueillis auprès de divers protagonistes de tout premier plan – l’histoire véridique de la réalisation (oh combien embryonnaire, partielle, décevante à beaucoup d’égards, mais réalisation quand même!) d’une vieille utopie: celle visant à doter la communauté internationale de juges capables, dans l’intérêt de l’humanité, de contenir la barbarie en la privant de l’une de ses nourritures les plus roboratives: l’assurance que, quoique l’on fasse d’atroce, l’impunité sera au rendez-vous.

Le récit, qui se lit par endroits comme un polar, tant il est captivant, montre comment une créature judiciaire boiteuse, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, mise au monde par le pouvoir politique international essentiellement pour servir d’alibi masquant son incapacité à juguler les grandes crises humanitaires qui comportent le déferlement de la violence contre les civils, a fini progressivement, grâce notamment au courage et à la bonne volonté d’une poignée de personnes et malgré mille difficultés, par échapper des mains de son créateur et jouer un rôle majeur, contribuant même puissamment à générer de nouvelles initiatives de bien plus large envergure: telle l’adoption en 1998 du Statut de la Cour pénale internationale.